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La Plateforme de biopharmacie: trois ans et en croissance

Le médicament n'est pas un produit comme les autres. Sa mise au point représente un véritable défi. Depuis la découverte du principe actif jusqu'à la commercialisation, le parcours est long, risqué et couteux.

 

Pour diminuer les couts, les entreprises pharmaceutiques ont réduit leurs efforts internes de recherche, laissant ainsi une place accrue au partenariat avec le secteur de l'enseignement. Cela a toutefois engendré des difficultés à la phase de découverte du médicament. C'est pour surmonter ces embuches qu'a été créée en juin 2010 la Plateforme de biopharmacie de la Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal.

Forum a rencontré son directeur, Grégoire Leclair, sa codirectrice, Jeanne Leblond-Chain, et son conseiller scientifique, Denis de Blois.

 

D'où vient plus précisément l'idée de créer la Plateforme de biopharmacie?

G.L.: Le modèle de la découverte des médicaments est en pleine mutation depuis le désinvestissement des entreprises biopharmaceutiques dans la recherche à la phase du développement et le milieu de l'enseignement est depuis appelé à jouer un rôle prépondérant dans ce secteur d'activité.

De nombreuses plateformes de criblage ont d'ailleurs émergé au cours des dernières années au Québec. Ces plateformes multiplient les candidats relativement à la découverte de nouveaux médicaments. Malheureusement, leur efficacité clinique n'est souvent pas suffisante pour en faire des médicaments. Un bon candidat thérapeutique doit présenter des propriétés biopharmaceutiques telles une solubilité, une perméabilité et une stabilité optimales, en plus d'avoir des qualités pharmacocinétiques, métaboliques et des niveaux de toxicité adéquats.

La Plateforme de biopharmacie a été créée dans le but d'évaluer les propriétés biopharmaceutiques à la phase de découverte du médicament afin de sélectionner les meilleurs candidats, d'optimiser leurs propriétés et finalement de mener les essais précliniques pour augmenter les chances de succès en phase clinique.

 

La Plateforme a donc une fonction d'intermédiaire entre le monde de la recherche et le secteur privé?

D.d.B.: Exact. La Plateforme peut faciliter la maturation des projets. Il faut savoir qu'entre la recherche fondamentale, financée par les gouvernements et les fondations, et les tests cliniques chez l'être humain, faits par les compagnies pharmaceutiques, il y a une phase de développement intermédiaire des découvertes que certains nomment la «vallée de la mort»: le financement est très difficile à obtenir parce que c'est à ce stade que la plupart des projets échouent. Pourtant, si l'on veut amener une découverte à une étape intéressante pour les entreprises pharmaceutiques, il s'agit d'un passage obligé: on doit désigner parmi des milliers de molécules celles qui ont le bon profil biopharmaceutique. C'est un type de recherche qui ne s'effectue pas traditionnellement dans les milieux d'enseignement. Il y a donc un manque à combler. La Plateforme vise à répondre à ce besoin et à aider les projets de recherche de ces milieux à atteindre une maturation procurant ainsi une réelle valeur ajoutée.

 

Grâce à cette plateforme technologique, les chercheurs de l'UdeM et de l'extérieur ainsi que les industries disposent désormais d'un regroupement de services voués à l'évaluation des propriétés biopharmaceutiques des «candidats thérapeutiques». Quels sont ces services au juste?

G.L.: La Plateforme de biopharmacie propose des services de soutien à la recherche pour les laboratoires d'enseignement et industriels. Nous offrons nos services à l'Université au tiers de la valeur du marché. On se réserve une marge de profit d'environ 100 % pour les projets externes.

Dotée d'une infrastructure et d'équipements à la fine pointe de la technologie, la Plateforme propose des solutions pour évaluer les nouvelles molécules selon leurs propriétés ADME-Tox (absorption, distribution, métabolisme, excrétion et toxicité) au cours de la phase de découverte du médicament. Les activités de recherche sont de trois ordres. D'abord, il y a la caractérisation des propriétés physicochimiques des molécules, comme la solubilité ou la perméabilité. C'est ce qui va permettre de fabriquer un produit pharmaceutique efficace. Ensuite vient l'évaluation du métabolisme et de la toxicité. Enfin, l'élaboration d'une formulation prototype pour les études animales et des études pharmacocinétiques chez les rongeurs peuvent être entreprises.

 

Après seulement trois ans de fonctionnement, la Plateforme connait un franc succès. Elle serait même en croissance?

J.L.-C.: Notre bilan triennal est positif. Non seulement nous nous autofinançons, mais nous connaissons une période de croissance. Pour ce qui est de l'effectif, l'équipe compte quatre professeurs, deux agents de recherche et une auxiliaire de recherche. Nous formons également des étudiants diplômés et des stagiaires. Quelque 120 projets de recherche ont été réalisés à ce jour et une douzaine de jeunes chercheurs ont bénéficié d'une formation spécialisée. Un autre aspect non négligeable de la Plateforme est qu'elle permet une formation du personnel et des étudiants à des équipements à la fine pointe du progrès.

G.L.: La Faculté de pharmacie nous a grandement aidés dans le démarrage de la Plateforme ainsi que dans notre processus de croissance. On a aussi obtenu un soutien financier du Fonds de recherche du Québec – Santé par le Réseau québécois de recherche sur le médicament. La faculté vient de renouveler son aide pour trois autres années, ce qui nous permettra de consolider nos activités de recherche et développement et de formation. Bref, on peut certainement dire que ça va bien.

Propos rapportés par Dominique Nancy

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