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Acide folique: les femmes en âge de procréer suivent peu les directives canadiennes

Le spinabifida et l'anencéphalie sont des malformations congénitales qui résultent d'une anomalie du tube neural (ATN). Il a été démontré que la prise d'acide folique au moment de la conception et durant le premier trimestre de la grossesse diminuait le risque d'ATN. C'est pourquoi les autorités médicales suggèrent fortement aux femmes en âge de procréer de prendre un supplément d'acide folique, appelé aussi vitamine B9, avant de tomber enceintes et en début de grossesse.

 

Mais il semble que le message se rende difficilement aux principales intéressées. Une étudiante de la Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal, Audrey-Ann Richard-Tremblay, a sondé 361 femmes enceintes. Seulement 27 % d'entre elles consommaient de l'acide folique selon les directives données par la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC). Ces résultats sont tirés de ses travaux de maitrise, qui ont été supervisés par la professeure Anick Bérard.

«Plusieurs femmes de notre échantillon prenaient de l'acide folique, mais seulement un très petit nombre le faisaient en respectant les doses recommandées par la SOGC ou encore elles en commençaient la prise trop tard pour que celle-ci ait un effet préventif sur les ATN», précise Mme Richard-Tremblay.

Plusieurs raisons expliqueraient ce phénomène. Il est possible que les médecins ne prescrivent pas l'acide folique selon les recommandations de la SOGC ou que les femmes ne prennent pas cette vitamine selon l'avis de leur médecin.

En se fondant sur les données probantes et sur l'expérience des médecins cliniciens, la SOGC recommande aux femmes à risque, comme celles atteintes d'épilepsie ou de diabète et celles ayant de mauvaises habitudes de vie, de prendre une plus forte dose d'acide folique avant et durant la grossesse, soit cinq milligrammes par jour comparativement à un milligramme quotidiennement pour les autres femmes enceintes.

La prise d'acide folique à cinq milligrammes par jour nécessite une ordonnance du médecin, contrairement à la dose de un milligramme par jour, qui est en vente libre. Par conséquent, la première coute plus cher que la seconde. L'étude indique que le revenu familial et une grossesse planifiée sont des prédicteurs de l'utilisation de l'acide folique en fonction des lignes directrices de la SOGC.

Augmentation des malformations congénitales

Audrey-Ann Richard-Tremblay a aussi analysé les données de la Cohorte des grossesses du Québec. Elle souhaitait mesurer la concordance entre la prise d'acide folique à fortes doses durant la période périconceptionnelle et la proportion de malformations congénitales autres que les ATN au Québec.

Selon ces données, 2,6 % des femmes ayant accouché entre 1998 et 2008 ont pris au moins cinq milligrammes par jour d'acide folique à un moment ou l'autre de leur grossesse. Près de quatre fois plus de femmes ont pris de l'acide folique avant la grossesse et au début de la gestation en 2008 qu'en 1998. Une hausse remarquable est d'ailleurs observée en 2002, année où Santé Canada a publié deux guides sur la prise d'acide folique, l'un à l'intention des professionnels de la santé et l'autre pour les femmes en âge de procréer.

L'incidence de malformations congénitales majeures est passée de 3,35 à 3,87 cas pour 100 naissances vivantes entre 1998 et 2008, soit une augmentation de 15 %. «Nos données ne nous permettent pas d'établir un lien causal entre cette hausse et l'utilisation non concordante de l'acide folique selon les lignes directrices de la SOGC, précise Mme Richard-Tremblay. En effet, seuls les renseignements sur l'acide folique prescrit par les médecins étaient disponibles dans la Cohorte. Nous n'avons donc pas pu mesurer la prise de vitamine en vente libre de chaque femme enceinte.»

Audrey-Ann Richard-Tremblay estime qu'il est urgent de mettre sur pied des campagnes de santé publique pour encourager les femmes à consommer de l'acide folique avant le début de leur grossesse. «C'est important pour les nouvelles générations, qui ont été exposées à peu de publicité sur ce sujet. Il y a des dépliants informatifs dans les cliniques, mais les femmes qui s'y rendent ont souvent dépassé la phase où le fœtus a le plus besoin de cette vitamine.»

Marie Lambert-Chan

 

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