L'Université de Montréal et ses centres de recherche affiliés ont obtenu plus de 6 millions $ dans le cadre du Fonds des leaders de la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) pour développer ou améliorer les infrastructures de recherche.
Cette somme est constituée de 40 % provenant de la FCI, 40 % du Gouvernement du Québec et 20 % d'autres partenaires. La FCI accorde donc plus de 2.4 millions de dollars à l'UdeM.
Le programme du Fonds des leaders a pour but de recruter des professeurs de renom et à maintenir en poste les meilleurs chercheurs et c'est dans cet esprit que l'Université a appuyé les projets déposés. L'Université de Montréal avait déposé un nombre record de demandes au concours d'octobre dernier et 16 projets ont été financés dans divers secteurs de recherche. En voici quelques-uns.
Greg Fitzharris (Département d'obstétrique et de gynécologie, Centre de recherche du CHUM) s'intéresse aux causes de l'infertilité. Une de celles-ci est une défectuosité dans l'oeuf (oocyte) qui l'induit à avoir le mauvais nombre de chromosomes (aneuploïdie). Les oocytes aneuploïdes sont la cause des pathologies développementales comme la trisomie 21 (le syndrome de Down) et la cause principale des échecs de grossesse. Ces erreurs deviennent de plus en plus fréquentes avec l'âge de maternité. Monsieur Fitzharris étudiera les mécanismes de la ségrégation des chromosomes dans l'oocyte, ce qui générera des nouvelles connaissances sur l'étiologie de l'infertilité liée à l'âge ainsi qu'une meilleure compréhension moléculaire des techniques utilisées dans des cliniques de procréation assistée (par ex. le criblage préimplantation). Ces recherches seront parmi les premières études mécanistiques de la ségrégation des chromosomes dans l'embryon. Ce programme de recherche translationnelle se fera en étroite collaboration avec la clinique de procréation assistée du CHUM et permettra des percées à l'égard des causes de l'infertilité liée à l'âge.
Quant à Anne-Monique Nuyt (Département de pédiatrie, centre de recherche Centre hospitalier universitaire Ste-Justine), elle travaille sur le développement des enfants prématurés. Au Canada, 8 % des bébés naissent prématurément (<37 semaines de gestation) et 1 % ( <29 semaines) sont des grands prématurés. Leur survie augmentant remarquablement au cours des dernières décennies, il est primordial de connaître les conséquences à long terme d'une naissance prématurée, qui est caractérisée par un stress oxydant majeur et une atteinte du développement vasculaire et tissulaire des organes. En effet, des études récentes indiquent qu'une naissance prématurée semble associée à une augmentation des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires (MCV), comme une pression artérielle élevée. Cependant on ne connait pas la proportion des jeunes prématurés qui présentent des facteurs de risque, ni si ces facteurs coexistent; de plus, les mécanismes pathophysiologiques sont inconnus. Afin de combler cette lacune, madame Nuyt propose un programme de recherche translationnelle allant de la cellule au modèle animal et à l'humain, afin de comprendre les anomalies de développement structurel et fonctionnel du système cardiovasculaire résultant en une augmentation du risque de MCV chez les sujets nés prématurément.
Dorothy Barthélemy (École de réadaptation, Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal Métropolitain) : Que nous marchions, restions debout ou levions le bras, notre équilibre est constamment en péril. Le système nerveux central a développé des mécanismes qui préviennent ou compensent rapidement pour une perte d'équilibre. Cependant, ces mécanismes ne sont toujours pas bien compris. Certaines études ont montré que des réseaux de neurones localisés dans différentes parties du système nerveux central (le cerveau, le tronc cérébral et la moelle épinière) seraient impliqués dans la régulation de la posture et le contrôle de l'équilibre. Cependant, nous ne savons pas comment ces réseaux interagissent entre eux pour assurer un contrôle adéquat de l'équilibre dans la vie de tous les jours. Madame Barthélemy évaluera comment les neurones du cerveau influencent les neurones situés dans la moelle épinière afin de maintenir l'équilibre chez des sujets en bonne santé, et étudiera les mécanismes du cerveau qui permettent d'effectuer un mouvement avec les bras. La subvention permettra d'évaluer le système nerveux central avec une technologie de pointe et de mesurer et analyser la locomotion, l'équilibre et la posture des individus lors de tâches fonctionnelles. Ainsi, une meilleure compréhension des mécanismes chez le sujet en bonne santé permettra de mieux saisir quels mécanismes sont responsables des troubles de l'équilibre chez les individus âgés ou ayant subi une lésion du système nerveux central; le but ultime étant de limiter le nombre de chutes chez ces populations.
La Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal est un chef de file de la recherche pharmaceutique au Canada. Ses activités de recherche couvrent tous les aspects du développement et de l'usage du médicament, depuis la biologie moléculaire jusqu'à l'épidémiologie. Trois subventions ont été accordées à trois jeunes professeures de cette faculté.
Jeanne Leblond Chain (Faculté de pharmacie) : La découverte de nouveaux médicaments, qu'il s'agisse de petites molécules hydrophobes ou des produits biologiques comme les protéines ou les acides nucléiques, est devenue de plus en plus difficile. Les biologiques, molécules fragiles et coûteuses, requièrent un système de vectorisation pour préserver leur activité et guider leur administration jusqu'à leur site d'action. Le potentiel des liposomes est maintenant reconnu et a été utilisé pour commercialiser une douzaine de principes actifs. Cependant, la libération contrôlée du principe actif pourrait être améliorée, ce qui permettrait d'augmenter la concentration thérapeutique au site d'action et par conséquent l'efficacité de traitement du principe actif vectorisé. Ce programme de recherche a pour but de développer une plateforme de formulation lipidique pour la vectorisation d'agents thérapeutiques tels que les acides nucléiques (à base de nanoparticules lipidiques intelligentes) ou les anticancéreux. Pour cela, la synthèse de lipides innovants pour le ciblage intracellulaire, leur assemblage en liposomes multifonctionnels, l'optimisation selon la drogue et l'évaluation thérapeutique dans des modèles de maladies seront réalisés.
Marie Lordkipanidzé (Faculté de pharmacie et Institut de cardiologie de Montréal) : Les maladies cardiovasculaires et cérébrales demeurent les causes principales de la mortalité et de la morbidité dans le monde. Au Canada, ces maladies sont responsables de 29% des décès Les médicaments utilisés pour le traitement et la prévention des maladies cardiovasculaires ont démontré à ce jour leur grande efficacité et le risque de décéder d'une maladie cardiovasculaire continue à chuter. Toutefois, l'efficacité et les effets secondaires de ces médicaments ne sont pas les mêmes pour chaque individu. Adapter les thérapies en se fondant sur les caractéristiques et les besoins de chaque patient pour optimiser leurs bénéfices et réduire les risques associés à chaque médicament utilisé pour prévenir et traiter les maladies cardiovasculaires est le principal objectif de la médecine personnalisée. Une nouvelle science biomédicale, soit la médecine de précision, a émergé : les patients vont non seulement recevoir un diagnostic de la maladie mais vont aussi recevoir une caractérisation détaillée de ce qui les rend uniques par rapport à leur maladie, autant d'un point de vue génétique que du point de vue du fonctionnement de leurs différents organes et systèmes biologiques. Le programme de recherche proposé par madame Lordkipanidzé repose sur un phénotypage approfondi et détaillé de la fonction plaquettaire pour identifier et comprendre les réponses des plaquettes et stratifier les populations d'individus en termes de la fonction plaquettaire pour ainsi personnaliser les thérapies antiplaquettaires.
Véronique Michaud (Faculté de Pharmacie et Centre de recherche du CHUM) : Les réactions indésirables aux médicaments sont un problème de santé publique important en raison de leurs impacts directs sur les hospitalisations, la mortalité et les coûts économiques inhérents considérables. Au Canada, le taux de mortalité lié à l'utilisation inappropriée des médicaments et à leurs effets indésirables s'élève à 10 000 personnes/an. La variabilité interindividuelle dans la réponse aux médicaments est un problème important puisqu'elle peut résulter en une inefficacité ou une toxicité médicamenteuse chez certains individus ou sous-populations de patients. Une telle situation oblige à s'éloigner d'une approche populationnelle en termes de traitement basé sur une réponse moyenne pour adopter une approche de traitement personnalisée. Plus particulièrement, madame Michaud s'intéresse à l'influence des conditions physiopathologiques sur la capacité de métaboliser des médicaments. La programmation permettra de générer de nouvelles données sur les effets du diabète de type 2 (DT2) sur le métabolisme des médicaments. Les résultats serviront à l'élaboration de lignes rationnelles et personnalisées dans le traitement des patients DT2, ayant ainsi pour objectif de prévenir les effets indésirables des médicaments, d'optimiser leur efficacité et réduire les coûts humains et financiers qui s'y associent. Ces découvertes permettront également d'identifier de nouvelles cibles thérapeutiques afin de développer des traitements mieux personnalisés pour la maladie.
Alain Gagnon (Département de démographie) développera l'infrastructure Démographie familiale au Québec ancien: une approche biosociale, prolongeant l'Infrastructure intégrée des microdonnées historiques de la population du Québec (IMHPQ). La présente infrastructure intégrera les données du Recensement de 1831 et les professions contenues dans les actes paroissiaux entre 1800 et 1849 pour les jumeler aux reconstitutions des familles en cours pour cette période. Elle intégrera également des données génotypiques (en particulier l'ADN mitochondrial) aux généalogies du Programme de recherche en démographie historique et du fichier BALSAC afin de les associer aux comportements démographiques du passé. Elle intégrera enfin des bases de données censitaires de 1852 à 1921, dont certaines sont jumelées à l'état civil québécois.
L'infrastructure permettra de soutenir conjointement deux programmes de recherche. Le premier se propose d'étudier l'influence de la parenté et de la co-résidence intergénérationnelle sur les comportements démographiques comme la fécondité, la mortalité ou la migration. Le second programme tirera partie du grand potentiel que recèle la conjonction de données biographiques aux données génomiques en cherchant à établir la contribution de facteurs génétiques (en particulier l'ADN mitochondrial) aux traits démographiques comme la fertilité ou la longévité, tout en la confrontant à l'influence de facteurs sociaux, environnementaux et épigénétiques.
L'utilisation de données sur la transmission de traits biologiques selon des contextes socioéconomiques et environnementaux permettra de mieux comprendre les rôles respectifs de chacun de ces facteurs ainsi que leurs interactions. Elle intéressera au premier chef les chercheurs et les étudiants qui œuvrent en sciences sociales, biologiques et médicales. Poursuivant les efforts de l'IMHPQ, elle conférera au Québec un avantage comparatif dans la recherche de pointe sur les influences biosociales des comportements démographiques.
Outre les personnes nommées ci-dessus voici les autres professeurs ayant obtenu une subvention:
- Jean-Sébastien Delisle, Département de chirurgie, Faculté de médecine, centre de recherche-Hôpital Maisonneuve-Rosemont
- Chantal Dumoulin, École de réadaptation, Faculté de médecine, Centre de recherche-Institut universitaire de gériatrie de l'Université de Montréal
- Nicole Francis, IRCM
- Étienne Gagnon, Faculté de médecine et IRIC
- Richard Hoge, Département de neurosciences
- Benoît Masse, Médecine sociale et préventive, École de santé publique, centre de recherche Centre hospitalier universitaire Ste-Justine
- Claude Perreault, Faculté de médecine et IRIC
- Moutih Rafei, Département de pharmacologie, Faculté de médecine
- Hideto Takahashi, IRCM
Le Vice-rectorat à recherche, à la création et à l'innovation tient à féliciter tous les chercheurs pour cette belle moisson de subventions d'infrastructures.