«La première fois que je me suis trouvée devant une soixantaine d'étudiants, j'ai eu le souffle coupé à cause du stress, raconte en riant Jeanne Leblond Chain, professeure à la Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal. C'était un cours de chimie analytique.
Je me suis demandé si j'allais être capable de susciter l'intérêt des étudiants. Est-ce que je leur plairais? Allais-je parvenir à établir un bon climat d'échange? Subitement, je doutais de moi.»
Cette jeune Française d'origine de 33 ans avait pourtant prononcé plusieurs conférences pendant son doctorat. Elle avait l'habitude de parler en public. Mais elle ressentait la pression associée au mythe du professeur qui n'a pas droit à l'erreur. D'autres se sentent désemparés en début d'année par le plan de cours ou les subtilités des demandes de financement. Le stress occasionné par l'adaptation rapide des nouveaux enseignants à leurs fonctions récentes peut être intense. Au choc de se retrouver dans un milieu de travail différent, parfois dans une ville inconnue, s'ajoute souvent la panique liée au premier cours donné avec peu d'expérience d'enseignement.
«Les ateliers d'appoint que j'ai suivis m'ont fait découvrir les particularités de l'enseignement au Québec et les exigences des étudiants actuels. Même si nous avons aussi été sur les bancs d'école, les techniques pédagogiques et les attentes des étudiants ont beaucoup évolué», confie Mme Leblond Chain. Aujourd'hui, la professeure gère très bien son stress au point d'éprouver un réel plaisir à enseigner.
Les nouveaux venus à l'Université de Montréal peuvent participer à diverses activités d'accueil pour les aider à partir du bon pied. «Le soutien aux enseignants prend plusieurs formes: information, formation, coaching, etc.», indique la directrice des Services de soutien à l'enseignement (SSE), Rachida Azdouz.
Les SSE (qui regroupent le Centre d'études et de formation en enseignement supérieur, le Bureau de l'environnement numérique d'apprentissage et le Bureau d'évaluation de l'enseignement et des programmes d'études) assurent la formation pédagogique de base aux nouveaux professeurs qui le désirent. «Cette formation est suivie sur une base volontaire, confirme Mme Azdouz. Sur un tronc commun se greffent des ateliers thématiques comme l'utilisation des TIC et l'encadrement aux cycles supérieurs animés par des membres de l'équipe des SSE en collaboration avec des professeurs reconnus pour la qualité de leur enseignement.»
Briser l'isolement
Le programme d'accueil permet aussi aux nouveaux venus de briser leur isolement en créant un groupe dont les membres peuvent s'entraider. «Rencontrer des nouveaux professeurs qui vivent des situations similaires est très important, estime Jeanne Leblond Chain. On s'aperçoit que d'autres affrontent aussi une situation difficile et certains nous donnent des conseils qu'on peut appliquer dans nos propres cours.»
Rachida Azdouz rappelle que, même si le programme s'adresse principalement aux nouvelles recrues, les professeurs et chargés de cours possédant une plus grande expérience en enseignement et souhaitant réfléchir sur leur pratique et acquérir de nouvelles compétences pédagogiques peuvent participer aux ateliers thématiques. Une formation plus substantielle sera proposée début janvier, mais tout au long de l'année les SSE donnent conseils et formations ciblées.
Dominique Nancy