Les professeurs Pierre Legendre, Guy Sauvageau, Françoise Winnik et Carl-Éric Aubin ont remporté un prix de l'Association francophone pour le savoir (Acfas). À l'occasion de son 71e gala, l'Acfas a aussi souligné les contributions exceptionnelles à la recherche scientifique de quatre étudiants de l'Université de Montréal et de ses établissements affiliés.
Quatre chercheurs récompensés
Pierre Legendre est lauréat du prix Adrien-Pouliot pour la coopération scientifique avec la France. Professeur titulaire au Département de sciences biologiques de l'Université de Montréal depuis plus de 30 ans, il figure sur la liste 2015 des scientifiques les plus cités à l'échelle internationale, selon les critères de l'éditeur professionnel Thomson Reuters. M. Legendre étudie notamment les processus qui déterminent la composition des communautés d'organismes vivants. Il a grandement contribué à l'essor de l'«écologie numérique», qui intègre l'acquis de nombreuses disciplines mathématiques dans un schéma général d'analyse de données écologiques.
Depuis l'obtention de son doctorat en 1971, Pierre Legendre tisse des liens professionnels en dehors du Québec. De fait, le chercheur a mené une bonne partie de sa carrière en coopération avec la France, métropolitaine et d'outre-mer, sur ses bateaux comme dans ses laboratoires. Celui qu'on qualifie de «sommité mondiale» est reconnu comme le père de l'écologie numérique, une approche qui associe l'informatique et le travail du biologiste de terrain. Dans ce domaine, il conçoit des outils quantitatifs servant à l'analyse des masses de données recueillies par les chercheurs en écologie.
Guy Sauvageau, professeur titulaire à la Faculté de médecine de l'UdeM, remporte le prix Léo-Pariseau pour les sciences biologiques et sciences de la santé. Chercheur principal à l'Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l'Université de Montréal, le Dr Sauvageau y dirige l'unité de recherche en génétique moléculaire des cellules souches, en plus d'occuper le poste d'hématologue à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.
L'équipe du Dr Sauvageau est à l'origine d'une percée sans précédent, soit la découverte d'une molécule capable de multiplier les cellules souches présentes dans le sang de cordons ombilicaux. L'utilisation de cette molécule – nommée UM171 en l'honneur de l'Université de Montréal – permettra d'augmenter significativement la disponibilité des cellules souches compatibles pour traiter les patients atteints de maladies telles que la leucémie, les lymphomes et les myélomes. Les essais chez l'être humain sont sur le point de débuter et les probabilités de réussite sont excellentes. Par ailleurs, la molécule UM171 a été sélectionnée parmi les 10 découvertes de l'année 2014 du magazine Québec Science.
Guy Sauvageau livre un combat de longue haleine contre la leucémie. Ce chercheur mène ses travaux à des échelles microscopiques, mais le lauréat voit infiniment plus grand, rassemblant toute une communauté scientifique pour trouver des solutions pratiques à un problème de santé mondial.
Françoise Winnik, qui enseigne au Département de chimie et à la Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal, a reçu le prix Urgel-Archambault, qui récompense les travaux en sciences physiques, mathématiques, informatique et génie.
La professeure titulaire a favorisé l'avancement des connaissances dans le domaine des assemblages moléculaires. En outre, peu de polyméristes canadiens sont rédacteurs en chef d'un périodique aussi prestigieux que Langmuir, la revue de l'American Chemical Society, tâche dont elle s'acquitte depuis près de 10 ans.
Polymères et nanoparticules font partie de notre quotidien. Il y en a dans nos habits, nos meubles, nos médicaments, notre nourriture. Ainsi, par ses travaux, Mme Winnik contribue tangiblement au mode de vie de chacun. Mais la véritable explication de cet accomplissement réside dans la manière qu'elle a de combiner recherche fondamentale et recherche appliquée, dans des secteurs tels que l'imagerie médicale, la thérapie génique et la nanomédecine.
Carl-Éric Aubin, professeur titulaire au Département de génie mécanique de Polytechnique Montréal, est le gagnant du prix Jacques-Rousseau pour ses travaux de nature multidisciplinaire. Chercheur au CHU Sainte-Justine, professeur associé au Département de chirurgie de l'Université de Montréal et directeur scientifique de la Société de la scoliose du Québec, il est titulaire de la Chaire de recherche industrielle CRSNG/Medtronic en biomécanique de la colonne vertébrale et de la Chaire de recherche du Canada «Innovations CAO/MAO en génie orthopédique» de Polytechnique Montréal.
Les recherches de Dr Aubin couvrent l'étude et la modélisation biomécanique de la colonne vertébrale d'enfants atteints d'affections de déformation (scoliose, spondylolisthésis), ainsi que l'évaluation, l'élaboration et l'optimisation des traitements orthopédiques (corsets, techniques chirurgicales) afin de les rendre plus efficaces et moins invasifs.
Cinq étudiants prometteurs
Le prix de l'Acfas IRSST-Doctorat a été attribué à Axelle Marchand, étudiante au Département de santé environnementale et santé au travail de l'École de santé publique de l'Université de Montréal, pour son travail sur les solvants et le stress thermique. Mme Marchand étudie l'absorption pulmonaire et la toxicocinétique de trois solvants organiques : l'acétone, le toluène et le dichlorométhane, en présence d'un stress thermique représentatif des milieux de travail. Sa recherche permettra de comprendre la relation entre la température et les changements physiologiques et dans quelle mesure ceux-ci influent sur l'absorption et la cinétique des solvants étudiés. Ces travaux amélioreront, à terme, la lutte contre le stress thermique.
Carole Miéville, doctorante en réadaptation, figure parmi les lauréats du Concours de vulgarisation de la recherche de l'Acfas.
La biomécanique de la marche et de l'équilibre chez des personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral est au cœur de ses travaux. Mme Miéville s'intéresse aussi aux effets des interventions des physiothérapeutes sur la marche et l'équilibre.
Diana Paola Granados, stagiaire postdoctorale à l'Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l'Université de Montréal, a gagné le prix de la meilleure thèse de doctorat dans la catégorie Sciences de la santé de l'Association des doyens des études supérieures au Québec, offert en partenariat avec le Fonds de recherche du Québec ‒ Société et culture.
La thèse de Mme Granados, intitulée «Biologie de systèmes de l'immunopeptidome du CMH de classe 1 humain», porte sur une approche systémique et multidisciplinaire pour révéler de nouveaux facteurs qui façonnent l'identité immunitaire des cellules. Ses travaux pourraient considérablement accélérer la mise au point de thérapies contre le cancer et en matière de transplantation.
Alexandra Rouquette est titulaire d'un doctorat en santé publique, option Épidémiologie, de la Faculté de médecine de l'Université Paris-Sud et de l'École de santé publique de l'Université de Montréal. Elle a remporté le prix de la thèse en cotutelle France-Québec pour sa thèse «Mesures subjectives et épidémiologie : problèmes méthodologiques liés à l'utilisation des techniques psychométriques».
L'utilisation des mesures subjectives en épidémiologie s'est accrue récemment, notamment avec la volonté de plus en plus affirmée d'intégrer la perception qu'ont les sujets de leur santé dans l'étude des maladies et l'évaluation des interventions. Naguère réservé au champ de la psychologie, le recours aux questionnaires et aux échelles de mesure est désormais largement répandu en épidémiologie. La thèse de la lauréate avait pour but d'explorer différents problèmes méthodologiques soulevés par cet emploi des techniques psychométriques en épidémiologie.
Les prix du concours La preuve par l'image
L'Acfas a également dévoilé les images gagnantes du concours La preuve par l'image 2015. Un diplômé de Polytechnique Montréal, David Rioux, a reçu le 1er Prix du jury, parrainé par Radio-Canada, le prix du public Eurêka!, parrainé par le Festival Eurêka!, et le prix Année internationale de la lumière, parrainé par le Chapitre étudiant OSA-SPIE de Polytechnique Montréal, pour l'image Le bal coloré des nanolanternes.
Ces tourbillons colorés sont des nanoparticules d'alliages or-argent en suspension dans l'eau. Ces particules reflètent la lumière en «produisant» une couleur bien précise. Cette couleur varie en fonction de la taille des particules, mais surtout selon la quantité d'or et d'argent qui les compose. Les six premiers flacons contiennent des nanoparticules de 60 nanomètres de diamètre, de l'argent pur à gauche à l'or pur à droite, en passant par différents alliages. Le septième flacon contient aussi des particules d'or pur, mais de 100 nanomètres de diamètre. Ces minuscules billes lumineuses présentent un fort potentiel d'usages en imagerie biomédicale, permettant entre autres de rendre les cellules observables.