Anick Bérard et Jessica Gorgui

L’objectif de cette étude était d’évaluer le lien entre la santé mentale des personnes enceintes pendant la pandémie de la COVID-19 et les naissances prématurées dans un premier temps, puis le faible poids à la naissance dans un deuxième temps.

Pour cette étude, nous avons utilisé les personnes de la cohorte CONCEPTION (www.etudeconceptionstudy.ca). CONCEPTION a débuté à recruter des personnes enceintes sur les réseaux sociaux, l’internet et dans des centres et cliniques spécialisés en juin 2020 pour mesurer l’impact de la pandémie COVID-19 sur les grossesses, les mères et les enfants. CONCEPTION inclus à ce jour plus de 3,500 personnes et leurs enfants provenant de partout au Canada. Cette cohorte est une des seules internationalement à être capable de mesurer l’impact populationnel de la pandémie COVID-19 sur l’enfant, de la conception à l’âge de 3 ans – l’étude prévoie suivre les enfants et leur famille jusqu’à l’âge de 18 ans.

Pour cette étude récente, les participantes de CONCEPTION ayant remplis les 2 premiers questionnaires - durant la grossesse ainsi qu’à 2 mois post-partum - ont été considérées et des instruments de mesure validés ont été utilisés. L’étude a inclus plus de 1 233 personnes enceintes et ayant accouchées entre 07/2020 et 02/2022.

Jessica Gorgui, investigatrice principale et chargée de cours, conclut ainsi : « Notre étude a démontré aucune association entre la dépression, l’anxiété et le stress maternel durant la grossesse durant la pandémie COVID-19 et le risque de naissance prématurée (moins de 37 semaines de grossesse) ou de faible poids à la naissance (moins de 2 500 g). Ceci est rassurant étant donné que la prématurité et le faible poids à la naissance sont deux prédicteurs importants pour la santé à l’âge adulte. »

« Cependant, il demeure important de suivre de près la santé des mamans et de leurs bébés pour repérer d'éventuels problèmes de santé à long terme, et ce de manière précoce. La cohorte CONCEPTION est toujours en cours et la première vague d’enfants conçus au début de la pandémie entreront à la maternelle à l’automne 2025. Nous serons donc bientôt en mesure de pleinement mesurer l’impact de la pandémie sur la santé physique et cognitive des enfants à ce moment », mentionne Anick Bérard, investigatrice senior sur l’étude, professeure à notre faculté et chercheuse au CHU Sainte-Justine.